HOUSE OF GUCCI

Son univers impitoyable

Avec ses allures de saga – le film pourrait d’ailleurs se présenter sous la forme d’une mini-série tant il traverse les décennies –, House of Gucci s’en donne à cœur joie sur la mise en place d’une atmosphère fastueuse, d’une élégance léchée en phase avec les créations de la grande maison de couture. C’est qu’ici chaque menu détail est rigoureusement pensé dans sa véracité historique. Un régal de tenues, accessoires et artéfacts d’un temps révolu où l’on parlait encore en lires italiennes. L’emblématique famille s’exprime d’ailleurs dans un anglais mâtiné d’italien, comme déjà appelée par l’impressionnant tourbillon capitaliste qui guette Gucci au tournant du nouveau siècle. Des sommes délirantes qui font tourner les têtes, et surtout celle de Patrizia Reggiani, épouse de Maurizio Gucci, dont le film fait le portrait avec nuance.

Les grands élans du pouvoir

Pour incarner le duo emblématique de l’histoire des Gucci, Ridley Scott retrouve Adam Driver – très récemment dirigé dans Le dernier duel – et, pour la première fois, Lady Gaga, révélée comme comédienne dans A Star is Born de Bradley Cooper (2018). Les deux acteurs s’opposent des énergies contradictoires, très rentrée pour l’un, d’une passion incontrôlable pour l’autre, ce qui donne au couple qu’ils incarnent un équilibre subtil, toujours sur le fil. Si ces derniers insufflent à House of Gucci une folle alchimie, les seconds rôles contribuent grandement à la réussite de cette tragédie en trois actes. Jared Leto propose une composition savoureuse en Paolo Gucci, designer aussi raté qu’attachant, talonné par les grandioses Jeremy Irons et Al Pacino, sans oublier notre Camille Cottin nationale, dont l’apparition touche au divin.

Fresque tourbillonnante dans une Italie fantasmée, House of Gucci s’offre à Ridley Scott en véritable terrain de bataille, là où les grands sentiments ne s’écartent jamais trop des affres du pouvoir.