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PIG
Un Cage aux petits oignons
Dans Pig, Nicolas Cage renaît de ses cendres et livre une performance magistrale en ermite solitaire avec pour seule compagne une truie truffière.
Dans Pig, Nicolas Cage renaît de ses cendres et livre une performance magistrale en ermite solitaire avec pour seule compagne une truie truffière.
Dans les forêts humides de l’Oregon, à l’ouest des États-Unis, Rob (Nicolas Cage) survit tant bien que mal en se nourrissant des truffes rapportées par sa truie. Misanthrope, il refuse tout contact avec le monde civilisé… jusqu’au jour où de mystérieux inconnus débarquent et lui volent son précieux animal. Rob n’a alors d’autre choix que de retourner en ville pour la récupérer, se confrontant au passage à ses vieux démons.
Condamné depuis quinze ans à des rôles décriés pour leur qualité approximative, le golden boy des années 1990 – entre Francis Ford Coppola, David Lynch et Martin Scorsese, il tournait alors avec les plus grands – n’a pas dit son dernier mot. Il tient en trois lettres : Pig. Sous ses allures peu ragoûtantes d’énième scénario de vengeance sous stéroïdes, le premier long métrage d’un total inconnu, Michael Sarnoski, surprend à tous les niveaux. Pas formaté pour un sou, son film est en réalité un alliage détonant entre originalité scénaristique et mise en scène élégante. Nicolas Cage, au milieu, donne tout ce qu’il peut de colère rentrée à son héros caverneux, un ancien chef cuistot dégoûté par la civilisation moderne.
De surprenants chemins de traverse
Aride, Pig l’est assurément, le cinéaste ayant eu la bonne idée de prendre à contresens les canons hollywoodiens : aux effusions de violence attendues, il substitue une ambiance purement atmosphérique. La lenteur hypnotique du récit épouse d’ailleurs celle de son personnage, retiré de la frénésie du monde, comme en décalage. C’est que le film l’est aussi, s’attardant moins sur le désir de vengeance de Rob que sur la carrière culinaire qu’il a laissée en plan et qu’il va – pour notre plus grand plaisir – redécouvrir.
Pig trouve ainsi une grâce peu commune dans sa sobriété, déjouant malicieusement nos attentes pour explorer d’autres terrains. À travers l’introspection de son héros, Michael Sarnoski s’intéresse à des thématiques aussi contemporaines que l’écologie radicale et l’antimatérialisme, sans se départir d’un sens de l’humour bienvenu. On a de quoi rire, en effet, lorsqu’on sait que c’est avec ce film de « retour des enfers » que Nicolas Cage revient lui aussi sur le devant de la scène.
Revanche méritée : son incarnation d’un ermite en forme de colosse aux pieds d’argile est proprement bouleversante.
Photo de couverture : Pig: Nicolas Cage | Copyright Metropolitan FilmExport
27 octobre 2021