Les Héroïques

Journal d’un joyeux écorché

Il s’appelle Michel (François Creton), cinquante ans, une vie abîmée par la toxicomanie, un bébé sur les bras et pas de travail. Entre l’agacement de son jeune fils Léo (Roméo Creton) envers lui, le rejet que lui inflige son père mourant Claude (Richard Bohringer) et sa relation conflictuelle avec son ex Hélène (Clotilde Courau), Michel en a gros sur le cœur. Il l’a pourtant décidé : il va se reprendre en main et prouver que ses vieux démons sont bel et bien derrière lui.

La plus belle surprise des Héroïques est sans aucun doute son acteur principal, François Creton, qui partage l’affiche avec son propre fils, Roméo. Acteur bluffant ou héros documentaire ? Sa trogne, digne d’un vieux rockeur romantique à la Daniel Darc, laisse planer le doute. Un peu des deux, sans aucun doute. Victime d’abus durant sa jeunesse, le comédien s’est servi de sa propre résilience aux Alcooliques Anonymes pour façonner le rôle. Son monologue d’écorché vif lors d’une réunion, qui ouvre le film avec une poésie folle, donne le ton : Les Héroïques sera tourné tout entier vers ce visage et cette voix uniques, qui sont autant de puissants moteurs de fiction.

Maxime Roy l’a bien compris : empruntant aux plus grands cinéastes du social, il tisse autour du vécu de son acteur une émouvante histoire de rédemption. Sans oublier de lui insuffler en chemin une légèreté bienvenue, qui témoigne d’une sincère bienveillance envers ces « perdants magnifiques » dont Michel est le représentant le plus littéral. Mais la gracieuse candeur du film tient aussi à la personnalité de Michel, qu’on imagine proche de celle de François Creton. Aussi combatif qu’un enfant, il fait parfois preuve d’une géniale désinvolture face aux coups bas de la vie, qui n’a plus grand-chose à lui enseigner de sa cruauté. Le tout afin de se concentrer sur l’essentiel : l’amour, à donner comme à recevoir. Une chose est sûre : avec Les Héroïques, Maxime Roy lui fait sa déclaration.

Photos © Pyramide Distribution