CIGARE AU MIEL

La révélation Zoé Adjani

Issue d’une famille algérienne berbère et laïque habitant un Neuilly bourgeois, Selma confronte la puissance de ses premiers émois aux dictats de son environnement patriarcal. Elle fait la rencontre de Julien, étudiant aussi attachant que provocateur, et s’interroge sur la relation de pouvoir qui se noue entre eux. En parallèle, ses parents lui présentent un jeune homme qu’ils jugent parfait pour leur fille.

Pour son premier long métrage, la réalisatrice française Kamir Aïnouz explore sans détour les rêveries intimes de son personnage, voyageant avec force dans ses moments de plaisir et de colère. Cette odyssée du désir est portée par Zoé Adjani (nièce d’Isabelle), 22 ans, découverte dans Cerise de Jérôme Enrico en 2015. Elle est la révélation du film, son visage illustrant toutes les émotions d’une jeunesse tumultueuse.

Vers une libération

Dans un rapport au corps très instinctif, la jeune actrice parvient à dire l’emprisonnement que son personnage subit de la part de sa famille, comme la libération qu’elle fantasme. Face à des parents ambivalents – eux-mêmes épris de liberté mais retenus par les traditions –, Selma lutte pour s’affranchir et s’imposer dans un monde encore très prisonnier des carcans sociétaux. Ses interactions avec les hommes font état d’une violence inouïe, que Kamir Aïnouz accompagne d’une grande empathie envers son héroïne.

Se joue aussi dans Cigare au miel un rapport fort aux racines, un questionnement sur l’endroit d’où l’on vient, sur les repères qui nourrissent ce que l’on est. C’est un premier film de la rencontre avec soi-même, du passage délicat à l’âge adulte et de la libération qui l’accompagne souvent. Zoé Adjani, lumineuse, lui donne tout son relief.