Plancha

Rencontre avec Franck Dubosc & Caroline Anglade

Cette année, la bande de copains de Barbecue fête les 50 ans d’Yves (Guillaume de Tonquédec). Ce devait être en Grèce, or ce sera finalement dans le manoir familial d’Yves en Bretagne : vieilles pierres, lande fascinante, plages de sable fin et fest-noz endiablés, tout y est mais sous la pluie. Cette météo tempétueuse va mettre les nerfs du groupe d’amis à rude épreuve… 

 BARBECUE A TRÈS BIEN MARCHÉ EN SALLES, ET IL A FAIT UN CARTON D’AUDIENCES SUR NETFLIX AU DÉBUT DE L’ÉTÉ. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS UN TEL SUCCÈS ?

 Caroline Anglade : Je ne suis pas dans ce premier opus, mais je l’ai adoré et le casting aussi. Il est très tentant ! Lorsqu’on voit l’affiche de Barbecue, parmi les mille propositions qu’on a maintenant en replay, voir tous ces acteurs réunis donne très envie. Après il y a cette bande de potes, ce sujet universel de l’amitié… On aime s’y reconnaître !

Franck Dubosc : Une bande de potes certes, mais surtout provinciale. C’est un des éléments importants ; cela enlève le côté « bobo » qui peut bloquer certains. Ce sont des provinciaux un peu chics, pour certains, mais provinciaux. Et ça réunit davantage la France que la bande de copains parisiens, qui est parfois excluante.

FRANCK, POURQUOI AVOIR ACCEPTÉ DE REPRENDRE VOTRE PERSONNAGE ?

 Franck : J’ai aimé et tourner, et voir Barbecue ! Pour Éric Lavaine, avec qui j’ai déjà tourné plusieurs fois, je dis oui assez facilement car je sais qu’il y a non seulement le scénario, mais aussi une direction d’acteur qui me rend bon. Cela me plaisait de faire revivre mon personnage, et puis les suites sont toujours intéressantes à développer. On dit souvent : « Il faut qu’elle soit aussi bonne que le premier. » Certes, mais au cinéma tout doit être bon, même le premier !

CAROLINE, EST-CE DIFFICILE DE TROUVER SA PLACE AU SEIN D’UNE BANDE DÉJÀ CONSTITUÉE ?

Caroline : Il y a cette petite pression, effectivement. Je connaissais déjà Franck et c’est grâce à lui que je suis sur ce film, donc j’arrivais en confiance. Et puis j’aime tellement ces acteurs que je me suis dit : « Quoi qu’il arrive, ce sera une belle expérience. » Cela s’est vite confirmé : j’ai été très bien accueillie, par les acteurs mais aussi par le réalisateur exceptionnel qu’est Éric.

COMMENT FAIT-ON POUR GARDER SON SÉRIEUX LORSQU’ON TOURNE UN TEL FILM DE GROUPE ?

Franck : La difficulté de ce genre de film, c’est non seulement qu’on est nombreux, mais aussi qu’on est souvent à table en train d’attendre. En l’occurrence comme il y avait plusieurs caméras, on ne savait jamais vraiment quand nous serions filmés. Il y avait moins ce côté : « C’est mon plan, je donne tout. » C’était très épuisant !

Caroline : Comme c’est choral, on joue tous en même temps et on se doit de donner la même énergie à chaque fois. Lorsqu’on est assis autour d’une table, il faut en plus rester vif ; pour ne pas retomber entre les prises, on doit s’amuser, rigoler, ce qui est parfois une vraie cacophonie pour l’équipe technique ! Mais c’est très important pour nous, car c’est une manière de ne pas « retomber » entre les prises.

COMMENT TRAVAILLE ÉRIC LAVAINE ?

Franck : D’abord tout est écrit, et bien écrit en plus, donc on n’a pas d’envie d’improviser ! Pour le connaître très bien, c’est un excellent directeur d’acteur. Il a toujours l’idée lumineuse à laquelle on n’avait pas pensé, pour telle ou telle phrase. On a beau être nombreux, il est à l’écoute et il dirige chacun d’entre nous ; il aime tous ses acteurs à égalité. C’est une autre donnée primordiale : dans une comédie, on a besoin de sentir que le réalisateur est client de ce qu’on lui propose.

D’APRÈS VOUS, QUELLE EST LA RECETTE POUR RÉALISER UNE BONNE COMÉDIE POPULAIRE ?

Franck : C’est d’abord une histoire, mais on nous dit souvent : « Il faut que les gens s’identifient. » Or qu’est-ce que ça veut dire ? Il y a de très beaux films qui pourtant ne jouent pas cette carte ; si vous prenez Forrest Gump (1994), on ne s’identifie pas spécialement au héros et pourtant le résultat fonctionne. Mais je pense qu’il n’y a pas de secret, c’est très délicat… Si l’on prend Plancha, c’est un film qui joue sur le réalisme et non pas sur le gag. Chaque scène pourrait prendre une tournure dramatique…

FRANCK, VOUS RÉALISEZ DES FILMS DEPUIS QUELQUE TEMPS. CELA A-T-IL FAIT ÉVOLUER VOTRE REGARD SUR LES PLATEAUX DES AUTRES ?

Caroline : Pour le coup, je peux en parler car j’ai connu Franck en tant que réalisateur et en tant que partenaire de jeu. Il a certes sa casquette de réalisateur, mais il n’essaye jamais de prendre le rôle de quelqu’un d’autre. Il ne se dit pas : « Ça y est, je réalise donc je peux donner mon avis sur ci ou ça. » Certains le font, et parfois de manière pertinente, or Franck reste toujours très professionnel. En tant qu’acteur il écoute, il reçoit, il propose, sans se transformer en donneur de leçons ! Bref, il redevient élève. Ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont une telle carrière.

GUILLAUME DE TONQUÉDEC A DÉJÀ PROPOSÉ UNE SUITE EN THAÏLANDE…

Franck : Il y aurait Wok à faire en Thaïlande, Fondue à faire à la montagne… On peut y aller ! Je pense qu’Éric s’en amuserait énormément, lui qui adore la cuisine au point de l’inclure dès qu’il le peut. Dans la vie, c’est aussi un bon vivant et cela se ressent particulièrement dans ses films. 

^{Visuels de couverture & illustration : Alice Llenas, Lambert Wilson, Caroline Anglade, Jérôme Commandeur, Sophie Duez, Franck Dubosc -Plancha, Jérôme Commandeur | Copyright David Koskas}